Discours d’Uber devant le Parlement bruxellois sur les pratiques de lobbying du secteur du transport rémunéré de personnes

Madame La Présidente,

Mesdames et Messieurs les chefs de groupes,

Mesdames et Messieurs les Députés,

Tout d'abord, je tiens à vous remercier de m'avoir invité à participer à cette audition et je me réjouis de l'importante discussion que nous allons avoir ensemble aujourd'hui.

Je m'appelle Laurent Slits et je dirige les activités d'Uber en Belgique. Je suis originaire de Bruxelles et j'ai rejoint l'entreprise en février 2020, un mois avant le début de la crise Covid. Mon rôle est de superviser nos activités de mobilité en Belgique. 

C'est une responsabilité que je prends très au sérieux. Je suis extrêmement fier de travailler au sein d’Uber. Et surtout, je crois profondément en notre mission de soutenir d’une part les 2000 chauffeurs professionnels qui utilisent notre application et, d’autre part, les 300 000 passagers qui, chaque année, font confiance à Uber pour bénéficier d'une alternative fiable à la voiture individuelle. 

Je tiens à le dire d'entrée de jeu et ce, très clairement : nous le savons tous, et je le sais moi-même - Uber a pris un mauvais départ, un très mauvais départ, lors de son arrivée à Bruxelles. Ce n’est un secret pour personne.

Tout le monde en a parlé. De très nombreux articles ont été écrits à travers le monde. Des livres ont été écrits. Une série télévisée a même été réalisée. Et, aujourd’hui encore, on ne cesse de nous rappeler que nous devons nous surpasser au quotidien pour mériter la confiance des passagers, des chauffeurs, des autorités publiques, et de l’ensemble du secteur.

Uber a présenté ses excuses à de très nombreuses reprises pour les erreurs commises durant ses jeunes années. 

Aujourd'hui, je tiens à redire devant vous que je suis pleinement conscient des erreurs que nous avons faites jusqu'en 2017. Des erreurs dont Uber, en tant qu'entreprise, a dû tirer des leçons. Et nous l'avons fait. Et je tiens à vous le démontrer ce matin sans ambiguité. 

Avant de répondre à vos questions, j'aimerais partager quelques remarques sur trois grands sujets: 

  1. Tout d’abord, je souhaite vous parler de l'évolution du secteur des taxis à Bruxelles - je reviendrai notamment sur l’arrivée chaotique d’Uber et les difficultés rencontrées;
  2. Ensuite, je vous présenterai quelques éléments sur l’évolution d’Uber et sur nos pratiques en matière d'affaires publiques ;
  3. Enfin, à la demande explicite de la Commission, je formulerai quelques recommendations afin de renforcer l’encadrement du lobbying à Bruxelles pour plus de transparence et d’intégrité.

Le secteur des taxis à Bruxelles : une histoire d'opportunités manquées 

Tout d’abord donc, permettez-moi de revenir un instant sur le passé du secteur du taxi à Bruxelles. Beaucoup de choses ont été dites, notamment au cours des auditions précédentes ; et je pense qu’il est très important de revenir aux faits concrets. L’histoire du secteur du taxi à Bruxelles, c’est une histoire d’occasions manquées. D’occasions manquées de réformer des réglementations obsolètes et qui ont causé énormément de tort à l’ensemble du secteur. 

Uber est arrivé à Bruxelles en février 2014 et a lancé "UberPOP" - une option de mobilité qui permettait aux particuliers de proposer une option de mobilité partagée aux passagers bruxellois. UberPOP a été jugée illégale et nous y avons mis fin.

A la suite de consultations avec le gouvernement de Bruxelles, nous avons ensuite lancé "UberX" - qui existe toujours dans notre application aujourd'hui - qui met en relation des chauffeurs professionnels - titulaires d'une licence - avec des passagers.

Tout le monde sait que l'arrivée d'Uber en Belgique n’a pas été un long fleuve tranquille.

  • Les taxis traditionnels, qui étaient confrontés depuis des années à une réglementation dépassée et contraignante, ont manifesté, affirmant que le lancement d'Uber réduisait leurs opportunités économiques. 
  • Il est vrai qu'Uber a apporté beaucoup d'innovations et de changements dans le secteur. 
  • Il est également vrai que les taxis étaient confrontés, depuis des années, à des réglementations complexes et obsolètes.
  • Mais il n'est pas correct d’affirmer qu'Uber a réduit les opportunités économiques du secteur. Bien au contraire. Et cela a été démontré à plusieurs reprises. 
    • En 2013, l'étude REBEL a montré que le secteur des taxis souffrait de difficultés financières bien avant l'arrivée d'Uber. Le secteur des taxis n'était pas financièrement attractif, les organisations de taxis ne parvenaient pas à faire des bénéfices, mais aucune faillite n'était déclarée, ce qui s'expliquait par le fait que le secteur maintenait une économie souterraine. 
    • En 2019, l'étude de Deloitte, commandée par le Gouvernement bruxellois pour avoir une base objective de la situation et proposer une réforme, est arrivée à la même conclusion. Les pertes du secteur du taxi étaient existantes avant l'arrivée d'Uber et ne se sont pas substantiellement aggravées à la suite de l'arrivée d'Uber.

Déjà, en 2014, tout le monde faisait un diagnostic très clair concernant le secteur des taxis : la réglementation en vigueur était dépassée et entravait le bon développement de l’industrie. Et Uber partageait également ce diagnostic.

Ce constat a été également fait par le gouvernement bruxellois de l’époque qui a annoncé son intention de travailler à une réforme des taxis en 2015, il y a presque 8 ans. Cette première tentative a échoué en raison des protestations des taxis traditionnels. 

En 2019, le gouvernement bruxellois a annoncé une nouvelle fois son ambition de travailler sur une réforme. C'était en juillet 2019, il y a presque quatre ans.

Puis, en mars 2021, une communication a été envoyée aux chauffeurs LVC pour leur dire qu'il leur était interdit d'utiliser leurs smartphones pour travailler. Cette situation ridicule était la meilleure preuve que la réglementation des taxis était complètement obsolète et que nous avions atteint un point où il n'était tout simplement plus possible pour les chauffeurs de travailler dans de bonnes conditions. 

Dans la foulée, le gouvernement a annoncé une nouvelle fois son intention de réformer le secteur.

En novembre 2021, le gouvernement a indiqué s’être mis d'accord sur les grands principes de la réforme, mais il était malheureusement déjà trop tard. Le temps judiciaire avait rattrapé le temps politique. La Cour d'appel de Bruxelles a rendu un arrêt stipulant que l'ordre de cessation de 2015 contre UberPOP s'appliquait également à UberX. Cela signifie qu'Uber n'avait pas d'autre possibilité que de cesser immédiatement ses activités. Cela a conduit à priver 2 000 chauffeurs bruxellois de leur source de revenus et à des centaines de milliers de passagers d’une option de mobilité partagée fiable. 

Après 7 années de troubles ayant conduit à de nombreux litiges et jugements, nous nous sommes retrouvés face à une situation inacceptable. 

  1. Nous ne pouvions pas proposer nos services. 
  2. 2 000 chauffeurs ne pouvaient pas travailler avec Uber. 
  3. Des milliers de passagers ne pouvaient pas se déplacer.

C'est pourquoi j'ai personnellement donné de multiples interviews et exhorté publiquement le gouvernement à trouver une solution pour sauver les chauffeurs. Et je pense que c’était la meilleure chose à faire. Et je n’étais d’ailleurs pas le seul de cet avis : 40 000 personnes ont signé une pétition pour demander la même chose.

Alors où en sommes-nous aujourd'hui ? 

  • Aujourd'hui, en 2023, nous disposons enfin d'un cadre juridique clair. Le Plan Taxi prévoit des règles claires et permet à tous les chauffeurs, taxis de rue et taxis de station, de travailler dans de bonnes conditions dans un environnement stable et apaisé.
  • Uber respecte et applique évidemment ce cadre légal.

Je veux le redire ici très clairement : Uber croit en la réglementation, Uber veut être réglementé et Uber respecte la réglementation. Sans réglementation, nous ne pouvons pas opérer dans de bonnes conditions. A Bruxelles, c’est grâce à la réforme du secteur que nous avons enfin pu passer d'une ère de conflit à une ère de collaboration.

Ceci étant dit, Uber est-il satisfait de ce Plan Taxi ? 

  • Non, nous ne le sommes pas. 
  • Oui, nous saluons cette réforme ; oui, c’est une bonne nouvelle qu'elle soit enfin en vigueur.
  • Mais il y a beaucoup de choses dans le contenu de cette réforme que nous n'aimons pas. Je vous donne quelques exemples parlants:
    • Uber est contre l'idée d'un numerus clausus. Un numerus clausus est non seulement contraire au droit européen, mais il constitue également un énorme obstacle au développement du secteur. Et pourtant, il y a un numerus clausus dans le Plan Taxi.
    • Uber est contre la distinction entre taxis de rue et taxis de station. Il ne devrait y avoir qu'une seule catégorie de taxis, avec une seule licence et les mêmes droits et obligations. Et pourtant, la réforme prévoit deux catégories de taxis avec des droits différents.
    • Enfin, nous sommes de fervents défenseurs de la tarification libre et dynamique. Et pourtant, la réforme prévoit des fenêtres de tarification mal ajustées.

Ce n'est clairement pas l'avenir que nous souhaitons pour la mobilité à Bruxelles. Mais nous acceptons que c'est le choix qu'ont fait le gouvernement et le parlement bruxellois, et nous le respectons.

Au regard de tout ce que je viens d’évoquer, nous pouvons aisément conclure que l'évolution du secteur des taxis à Bruxelles a été parsemée de nombreuses crises et embûches. Et tous les acteurs du secteur, y compris Uber, en sont collectivement responsables.

La transformation d'Uber 

Je l’ai dit : Ce n'est un secret pour personne qu'Uber, dans ses jeunes années, a commis des erreurs. Mais, depuis 2017, l’entreprise a changé. J’aimerais vous en dire un peu plus à ce sujet.

Les gens ont changé, notre culture et nos opérations ont changé; notre façon de travailler avec le reste du secteur a changé.

1. En 2017, Uber a nommé un nouveau CEO - Dara Khosrowshahi - qui a radicalement transformé l'entreprise. 

Dara Khosrowshahi s'est entouré d'experts pour changer la culture d'Uber. Je vous cite quelques exemples de ce changement : 

  • Il a modifié les valeurs de l'entreprise pour mettre l'accent sur le professionnalisme, l'intégrité et la collaboration ;
  • Il a réorganisé l'équipe de direction ;
  • Il a installé des contrôles et des processus de mise en conformité rigoureux pour s'assurer que nos opérations respectent les normes les plus élevées ;
  • Et il a très impulsé une culture de respect des règles pour tous. Non, tout n’est pas permis.

Le CEO d'Uber a changé, ce sont aussi les personnes de l'entreprise qui ont changé. Je voudrais vous donner un seul chiffre : 90% des employés actuels d'Uber ne travaillaient pas chez Uber en 2017. C'est mon cas.

2. Ensuite, depuis 2017, Uber a mis en place des politiques d'éthique et de conformité solides, notamment en ce qui concerne notre engagement auprès des autorités publiques :

  • Premièrement, nous nous conformons à toutes les réglementations nationales existantes en matière de transparence et de lobbying ;
  • Deuxièmement, nous avons un code de conduite interne avec des règles claires que nous devons suivre lorsque nous échangeons avec des autorités publiques. Il nous est demandé d'agir avec honnêteté, intégrité, transparence et professionnalisme. Nous prenons également très au sérieux la prévention des conflits d'intérêts ;
  • Enfin, nous disposons également en interne d'une équipe qui est spécifiquement chargée de contrôler le respect de ces directives par tous les employés et consultants externes d'Uber.

3. Au cours des dernières années, Uber a montré son ouverture à travailler de manière constructive avec tous les acteurs de l'industrie du taxi et au-delà. A titre d’exemple, notre application est désormais ouverte à tous - anciens LVC, mais aussi taxis traditionnels.

Notre souhait, c’est d’avoir l'impact le plus positif possible sur la Région de Bruxelles-Capitale et nous avons déjà réalisé beaucoup d’investissements en ce sens : la diversité de notre offre de mobilité (taxis, micromobilité, transports publics), nos investissements pour renforcer la sécurité des chauffeurs et des passagers, nos efforts pour accélérer la transition électrique du secteur, notre engagement dans le dialogue social. 

Toutes les actions que je viens de mentionner démontrent à quel point Uber a évolué au cours des dernières années et est désireux de continuer à travailler de manière constructive et transparente avec tout le monde dans le secteur. 

Recommandations

Enfin, permettez-moi de terminer mon propos introductif en formulant à la demande explicite de la Commission,des suggestions pour améliorer les pratiques de lobbying dans le secteur et au-delà. Je propose trois idées.

  1. Premièrement, si nous voulons lutter contre les privilèges injustifiés et le favoritisme, nous devons nous assurer que tous les acteurs du secteur disposent des mêmes opportunités ​ pour partager leur point de vue aux autorités publiques. A titre d'exemple, ni Uber, ni les associations de chauffeurs LVC n'ont jamais été invités à être membre du Comité consultatif du secteur des Taxis de Bruxelles, alors que ce comité est censé représenter le secteur. Nous ne savons pas ce qui s'y passe et nous ne pouvons pas partager notre opinion.
  2. Deuxièmement, si nous voulons plus de transparence, nous devons faire la clarté sur la manière dont les décisions politiques sont prises. Je vous donne un exemple : le gouvernement bruxellois a décidé de mettre en place un numerus clausus pour le secteur. Comment ce chiffre a-t-il été défini ? Certainement pas sur la base de l'étude d'impact qui avait été commandée par le gouvernement à cette fin. Ce type d'information devrait être public et chaque décision devrait être prise selon des critères objectifs.
  3. Enfin, si nous voulons plus de transparence dans le lobbying, nous devrions également mettre en place des outils pour le permettre. Regardons ce que font d’autres pays. En France, par exemple, le Parlement a mis en place un registre public où sont enregistrées toutes les entités qui exercent des activités de lobbying. Elles indiquent leur adresse, le nom de leurs représentants et leurs domaines d'intérêt. Pourquoi ne pas faire de même à Bruxelles ? Uber y est favorable et s'enregistrerait volontiers. 

Ce ne sont là que quelques idées. Je suis sûr qu'il y en a d'autres.

 

Je voudrais terminer mes remarques en réitérant l'engagement d'Uber à travailler de manière constructive avec les autorités bruxelloises et le reste du secteur. Nous avons tous le même objectif : construire un secteur des taxis fort, moderne et harmonieux. Nous le devons aux chauffeurs, nous le devons aux passagers et nous le devons à Bruxelles.

Valentine Cornet d'Elzius

Whyte Corporate Affairs

 

 

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À propos de Uber

La mission d'Uber est de créer des opportunités via le mouvement. Nous avons commencé en 2010 à résoudre un problème simple : comment se déplacer en appuyant juste sur un bouton ? Plus de 42 milliards de trajets plus tard, nous créons des produits qui rapprochent les gens de l'endroit où ils veulent être. En changeant la façon dont les gens, la nourriture et les objets se déplacent dans les villes, Uber est une plateforme qui ouvre le monde à de nouvelles possibilités.